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Mois de l’histoire des Noirs : l’histoire du seul Canadien amputé des quatre membres à avoir survécu à la Première Guerre mondiale 

Les amputés de guerre Rob Larman et Tiffany Ross, adhérente du Programme pour enfants amputés (LES VAINQUEURS) déposent une rose sur la tombe d’Ethelbert « Curley » Christian, au cimetière Prospect à Toronto. (Photo soumise)

Février est le mois de l’histoire des Noirs et les Amputés de guerre tiennent à rendre hommage à Ethelbert « Curley » Christian (1883-1954), l’un des membres fondateurs de l’association, qui aurait été la seule personne amputée des quatre membres à avoir survécu à la Première Guerre mondiale. 

Christian a vécu au Manitoba avant de servir au sein du 78th Battalion (Winnipeg Grenadiers). Durant la bataille de la Crête de Vimy, il a été gravement blessé et enseveli dans une tranchée pendant un bombardement intense. Les quatre membres écrasés par des débris, il a gis sur le champ de bataille pendant deux jours avant d’être retrouvé à l’article de la mort. Deux brancardiers ont été tués par des obus en transportant Christian hors du champ de bataille, mais ce dernier a survécu encore une fois. Toutefois, durant son séjour dans un hôpital français, la gangrène a gagné ses bras et ses jambes qui ont dû être amputés.  

Ethelbert « Curley » Christian. (Photo soumise)

C’est durant sa période de convalescence au Christie Street Veterans’ Hospital à Toronto qu’il a rencontré l’aide-bénévole Cleo MacPherson, sa future épouse. Bien consciente du coût élevé pour le gouvernement des soins prodigués à l’hôpital, MacPherson a décidé de s’occuper de Christian à la maison. Cependant, son rôle d’aide-soignante prenait tout son temps et l’empêchait de travailler.

Le directeur de l’hôpital a donc fait appel au gouvernement fédéral au nom de Christian, ce qui a entraîné la création de l’allocation pour soins, un supplément versé aux aidants à temps plein auprès des anciens combattants blessés. Cette allocation est encore offerte aujourd’hui. 

Christian a été l’un des membres fondateurs des Amputés de guerre, une association fondée il y a plus de 100 ans par des vétérans amputés de la Première Guerre mondiale qui, de retour au pays, se sont rassemblés pour s’entraider et mener les combats pour les vétérans amputés. 

Ce sont ces mêmes vétérans qui ont accueilli les amputés de la Deuxième Guerre mondiale, les aidant à s’adapter à leur nouvelle réalité et leur faisant part de tout ce qu’ils avaient appris. 

De nombreux membres des Amputés de guerre considéraient Christian comme source d’inspiration pour tous les amputés et songeaient rapidement que si Christian pouvait y arriver, ils le pouvaient aussi!

« Quand on est entouré de gens qui accomplissent des choses, c’est stimulant et cela nous pousse à essayer nous aussi », a affirmé Christian. « Aujourd’hui, il y a des jeunes qui reviennent amputés de leurs bras ou de leurs jambes. Ils sont timides, craintifs, manquent d’assurance. On ne sait pas tout ce qu’ils ont souffert, tant mentalement que physiquement. Ici [à l’Association des Amputés de guerre], tout cela disparaît. Nous sommes entre nous. Nous nous soutenons moralement les uns les autres et, physiquement, nous apprenons des choses. »

L’association continue de servir les amputés de guerre, tout en aidant d’autres Canadiens amputés parmi lesquels on compte des enfants. Rob Larman, directeur d’un des programmes de l’Association et lui-même amputé à la jambe droite a dit : « Curley Christian continue d’avoir un statut légendaire chez les Amputés de guerre pour avoir surmonté les défis liés à ses amputations, particulièrement à une époque où l’infirmité était taboue. »

En 1936, Christian est retourné à Vimy accompagné d’autres amputés de guerre pour le dévoilement du Mémorial national du Canada à Vimy.

Christian est décédé en 1954. Dans son éloge à Christian, le journaliste torontois Gregory Clark a écrit : « Après la bataille de la crête de Vimy, Curley Christian a vécu heureux pendant 37 ans, allant aux courses, jouant au gin rami, prenant part à des réunions, donnant des discours et se prononçant pour ses camarades. Il était une source d’inspiration pour tous ceux aux destins plus difficiles qui pourraient éprouver du chagrin. Curley ne s’est jamais apitoyé sur son sort. Il restait assez de lui pour être un homme parmi les hommes. »