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Pleins feux sur le Mois de l’histoire des Noirs : l’importance d’accueillir le changement selon le commandant du Centre-école des aumôniers

le commandant Éloi Gunn, Ph. D., D. Th., Centre-école des aumôniers des Forces canadiennes (Photo : Emily Nakeff)

En 1999, alors qu’il est dans la vingtaine, le capitaine de frégate (Capf) Éloi Gunn, Ph. D., D. Th., quitte le Togo, en Afrique de l’Ouest, pour venir s’installer au Canada dans le but de poursuivre ses études en théologie et en philosophie. Plus tard, il décroche deux doctorats, l’un de l’Université d’Ottawa et l’autre de l’Université Saint-Paul, avant de finalement commencer sa carrière. En janvier 2022, il est promu commandant du Centre-école des aumôniers des Forces canadiennes, et devient le premier Noir à occuper ce poste. Servir dans l’armée n’a jamais fait partie de son plan, mais connaître le Capf Gunn, c’est aussi comprendre à quel point le changement est essentiel.  

Il travaillait dans une paroisse près de Woodstock, en Ontario, quand un collègue lui a fait connaître la Branche des services de l’aumônerie des Forces armées canadiennes (FAC). Bien qu’il n’ait pas tout de suite fait le saut, l’idée s’est installée en lui. Deux ans plus tard, il savait que le moment était venu de répondre à l’appel. 

« J’ai posé ma candidature, car je souhaitais remercier le Canada », affirme le Capf Gunn. En tant qu’immigrant de première génération, il a bâti sa vie au Canada, d’abord en poursuivant ses études, puis en fondant la famille qu’il forme aujourd’hui avec sa femme et ses trois enfants. « Je me suis dit qu’il n’y avait pas meilleure façon de dire merci que de consacrer ma vie au soutien du peuple canadien. »

Le Capf Gunn est d’abord affecté à Esquimalt, en Colombie-Britannique, puis à Valcartier, au Québec, avant de finalement se retrouver, en 2017, à la Base des Forces canadiennes Borden. Il décrit la vie paroissiale et la vie d’aumônier militaire comme deux mondes différents. Bien qu’il y ait certainement des similitudes entre les deux, le Capf Gunn dit que son temps passé dans l’armée a été gratifiant pour des raisons auxquelles il ne s’attendait pas du tout. 

« Je suis fier lorsque je suis avec mes troupes. C’est un grand privilège d’entendre leurs joies et leurs peines », déclare-t-il. « C’est très sacré pour moi de pouvoir participer à leur cheminement. » 

L’une des plus grandes différences qu’il a remarquées en ce qui concerne la vie militaire, c’est l’approche collaborative et le travail d’équipe, lesquels transcendent les fonctions inhérentes à son poste. 

Au cours des deux dernières années, le Capf Gunn a agi à titre de coprésident militaire du Groupe consultatif des minorités visibles de la Défense. Ce groupe a pour mandat d’appuyer les personnes issues de minorités visibles afin qu’elles puissent exceller dans leur travail sans se heurter aux obstacles que représentent les préjugés, et pour assurer un environnement accueillant à Borden. Le Capf Gunn estime que les réunions régulières du groupe, qui constituent un espace où les gens se sentent à l’aise d’exprimer leurs préoccupations, sont un exploit dont il faut être fier. 

Cela dit, pour améliorer l’avenir, nous devons nous souvenir de notre passé. Pour le Capf Gunn, la reconnaissance du passé est essentielle pour aller de l’avant et permettre à la communauté noire actuelle des FAC de sentir qu’elle est à sa place. 

« Le Mois de l’histoire des Noirs au Canada, et en particulier dans les FAC, est une façon pour nous de dire merci aux personnes de couleur qui ont servi le pays et qui n’ont pas reçu la reconnaissance qu’elles méritaient en raison de la discrimination et du racisme qui sévissaient à l’époque », explique le Capf Gunn. « Pour moi, il s’agit donc de reconnaître notre passé, de rendre hommage à ces personnes et de dire aux membres de la communauté noire actuelle des FAC que nous sommes reconnaissants de ce qu’ils apportent à l’organisation. Leurs efforts sont bien accueillis et leurs contributions sont les bienvenues. »

La reconnaissance du travail acharné est au cœur du style de leadership du Capf Gunn et fait partie d’un processus essentiel fondé sur le progrès des individus, des communautés et de la société dans son ensemble. 

« Lorsqu’un individu progresse, c’est toute la société qui progresse. En effet, je ne crois pas que la société puisse changer comme par magie ou au moyen de politiques et de sanctions », affirme le Capf Gunn. « Je crois plutôt que la société évolue à mesure que les cœurs et les esprits de chaque individu évoluent. Et si chaque individu fait son travail, alors la société se transforme complètement. »

Bien qu’il reste encore du travail à faire, le Capf Gunn souligne qu’un changement positif s’opère présentement en vue d’offrir un meilleur soutien et de meilleures occasions aux personnes issues de minorités visibles, et afin de reconnaître les erreurs du passé. 

« La société évolue très favorablement, dans le sens où les gens sont valorisés pour leurs contributions, et non pour la couleur de leur peau », déclare le Capf Gunn. « Il faut placer les bonnes personnes aux bons postes et au bon moment, en laissant les préjugés raciaux derrière nous. J’espère être la bonne personne au bon moment. » 

Soucieux d’apprendre de ses propres erreurs et de s’améliorer en tant que leader et individu, le Capf Gunn espère que ses fonctions de commandant le changeront suffisamment pour que ce changement se répercute sur les membres de son équipe et les fasse évoluer, tant dans les rangs qu’en dehors.

« Si je m’améliore, mon équipe s’améliorera aussi, et, ensemble, nous pourrons changer les choses », pense le Capf Gunn. « Il y a une place pour tout le monde dans l’armée, il suffit de se faire confiance et d’être prêt à faire un bout de chemin. Parce que nous avons besoin de plus de personnes issues de milieux culturels divers. Là réside notre force. »

Par : Emily Nakeff, rédactrice en chef