Les instructeurs des Rangers canadiens tirent sur des cibles avec des fusils de chasse sur le champ de tir. (Photo : Sergent Peter Moon, Rangers canadiens)
La plupart des membres des Forces armées canadiennes ne tirent jamais du fusil de chasse dans le cadre de leur instruction ou de leurs fonctions militaires. Mais les instructeurs des Rangers canadiens dans le Grand Nord de l’Ontario transportent régulièrement des fusils de chasse de calibre 12 avec eux pour les utiliser en cas de besoin.
« Nous rencontrons souvent des ours polaires le long des côtes de la baie d’Hudson et de la baie James », déclare l’adjudant-maître Carl Wolfe, un sergent-major de compagnie. « Habituellement, les ours ont faim ou sont simplement curieux. Mais ce sont tout de même des prédateurs, donc il faut être protégé en cas de danger. Il nous arrive aussi de rencontrer des ours noirs et des loups de grande taille. De plus, il y a toujours un risque de tomber sur un animal atteint de la rage. »
Les militaires n’utilisent généralement les fusils de chasse qu’à des fins spécialisées, par exemple pour ouvrir une brèche dans des portes verrouillées ou lors d’opérations d’arraisonnement de navires.
Pendant les mois d’été, lorsque les ours polaires ne peuvent pas chasser les phoques sur la glace, ils se promènent sur la terre à la recherche de nourriture. Ils ont été vus aussi loin que sur les terres de la première nation de Webequie, soit à 260 kilomètres de Peawanuck, dans le Parc provincial de l’Ours polaire, dans la baie d’Hudson.
Les instructeurs passent beaucoup de temps sur le terrain avec les Rangers canadiens et les Rangers juniors canadiens. Les Rangers sont des réservistes à temps partiel de l’Armée de terre, et ils sont répartis dans 29 Premières Nations du Grand Nord de l’Ontario. Les Rangers juniors font partie d’un programme de l’Armée de terre destiné aux jeunes garçons et aux jeunes filles de 12 à 18 ans.
« Les Rangers sont habitués aux ours », explique l’adjudant-maître Wolfe. « Ils savent quand la situation peut être dangereuse. Face à un ours noir, ils utilisent généralement un sifflet puissant tout en se tenant droits et en tentant de se faire grands et forts, puis l’ours s’en va. Un bruyant coup de feu arrive souvent à faire fuir l’animal. Mais il arrive parfois qu’un jeune ours curieux continue d’approcher. »
Il y a cinq ans, à un important camp d’entraînement annuel pour les Rangers juniors, des coups de semonce n’ont pas réussi à dissuader un ours noir persistant qui revenait chaque nuit au camp. L’ours continuait de s’approcher d’un Ranger lors d’une patrouille de nuit pour surveiller la présence d’ours. Le Ranger a tiré quatre coups avec un fusil de chasse. Il a manqué l’ours avec les deux premiers coups, mais l’a tué avec les deux suivants.
À une autre occasion, un jeune ours noir empiétait sans cesse sur un camp d’entraînement pour les Rangers situé sur une île isolée. Des cris forts et des bruits de casseroles n’ont pas réussi à le dissuader. Il a fini par fuir après avoir été atteint de grenailles non létales.
« Selon la situation dans laquelle se trouvent les instructeurs, ils doivent être prêts à utiliser un fusil de chasse », affirme l’adjudant-maître Fergus O’Connor. « C’est très sérieux, et c’est quelque chose qu’ils doivent maîtriser, car ils doivent être capables d’envoyer le projectile exactement au bon endroit. En règle générale, les instructeurs sont formés à d’autres méthodes pour dissuader les animaux sauvages d’approcher. On apprend à tirer pour se servir de cette méthode en dernier recours. »
Les instructeurs qui accompagnent les Rangers sont les principaux responsables du contrôle des prédateurs. Mais les instructeurs doivent être capables de passer à l’action lorsqu’il le faut.
Les instructeurs du 3e Groupe de patrouille des Rangers canadiens, lequel commande les 600 Rangers du Nord de l’Ontario, ont récemment terminé le renouvellement annuel de leur certification militaire sur les champs de tir à la Base des Forces canadiennes Borden, près de Barrie. Ils se sont qualifiés, de même que le personnel du quartier général, pour l’utilisation d’un fusil de chasse, d’un pistolet, du fusil d’assaut C7 et du fusil C19 pour les Rangers.
Par Peter Moon Le sergent Peter Moon est un Ranger du 3eGroupe de patrouille des Rangers canadiens à la Base des Forces canadiennes Borden.