« J’avais besoin de quelque chose pour combler ce vide. J’avais besoin de faire quelque chose. »
Lorsque Jarrett Cranston a été libéré de l’armée en 2020 pour des raisons médicales liées à un trouble de stress post-traumatique (TSPT), il était d’abord heureux de pouvoir se concentrer sur sa santé en allant à la salle de sport, en passant du temps avec d’autres personnes dans un réseau de soutien et en progressant dans la prise en charge de sa santé mentale. Puis la pandémie a frappé.
« Tout ce qui donnait un sens à ma vie après ma libération a disparu. »
Jarrett s’est enrôlé dans la Force aérienne en 2005, lors de la vague de recrutement qui a suivi le 11 septembre 2001 pour lutter contre le terrorisme, et a servi comme pilote. Il a effectué des missions nationales de recherche et de sauvetage sur la côte Est et dans l’Arctique, puis est devenu instructeur de vol qualifié (IVQ) pour le programme d’entraînement en vol de l’OTAN au Canada (programme NFTC) à Moose Jaw, en Saskatchewan. En tant qu’instructeur, Jarrett a travaillé avec des stagiaires qui en étaient au début de leur formation au pilotage, mais aussi avec des stagiaires sélectionnés pour suivre l’instruction sur les avions à réaction rapide.
« J’adorais la nature individuelle de l’enseignement, surtout [le processus] d’expliquer les choses aux stagiaires de manière à ce qu’ils les comprennent, car chaque stagiaire a son propre style d’apprentissage. »
Jarrett aimait le défi que posait l’enseignement et trouvait des moyens créatifs pour aider les stagiaires à apprendre. Il a mentionné qu’un d’entre eux avait de la difficulté avec la navigation à basse altitude et laissait souvent tomber le nez de l’avion lorsqu’il regardait vers le bas. Sachant que le stagiaire était un grand amateur du film La Guerre des étoiles, Jarrett lui a demandé de regarder la trilogie à nouveau pendant le week-end et de lui donner des exemples dans les films des diverses altitudes de vol des aéronefs. Ça a marché.
Il aimait de nombreux aspects de son travail dans l’ARC, mais le stress croissant du travail a mené à sa libération pour des raisons médicales. Puisque la pandémie avait réduit ses possibilités quant à sa guérison, il a décidé qu’il devrait trouver un projet sur lequel se concentrer. Il a donc décidé de reprendre un chapitre inachevé de sa jeunesse et s’est remis à fabriquer des modèles à petites échelles.
« Je n’avais pas beaucoup d’amis quand j’étais jeune, donc j’aimais fabriquer des modèles pour me divertir et trouver un sens. Cependant, je les construisais, mais je ne les peignais pas. J’étais un perfectionniste et je ne voulais pas me tromper, donc je n’essayais pas parce que je pensais que je ne réussirais pas. »
Néanmoins, en effectuant ce retour à l’assemblage de modèles réduits, il a décidé que cette fois, il peignerait les modèles qu’il construirait. De plus, pour ne pas laisser le découragement prendre le dessus, il a décidé d’installer le poste d’assemblage de modèles réduits de son fils Nolan à côté du sien.
« Je dois faire très attention aux mots que j’utilise parce que mon plus grand critique et mon plus grand supporter m’observe. Je suis très conscient qu’il me regarde tout le temps et qu’il est une éponge qui absorbe tout ce que je fais. »
Puisqu’il est installé à côté de son fils pendant les projets, Jarrett s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas fixer des normes trop élevées ou utiliser ouvertement beaucoup de gros mots, car il devait être un bon exemple.
« Si quelque chose ne va pas tout à fait bien [pendant la peinture], j’intègre cette erreur dans la construction finale. J’aime que les modèles que je peins aient l’air de provenir d’un monde vivant. Je veux que les cicatrices, l’usure de l’environnement et les dommages causés par les combats contribuent à raconter leur histoire. »
Au début de l’année, en avril, Jarrett a rencontré Barbara Brown de The Steel Spirit (une plateforme pour les artistes militaires et premiers répondants). Après avoir discuté d’une éventuelle participation à The Steel Spirit, Barbara a demandé à Jarrett d’afficher un peu plus de sa créativité sur l’un de ses projets afin que son travail s’aligne davantage sur les autres propositions créatives. Elle lui a demandé de faire un diorama.
« Puisque je suis un pilote orgueilleux et arrogant, je lui ai répondu que je pouvais certainement faire un diorama, mais entre-temps, je me demandais à moi-même dans quoi je m’étais embarqué. Je n’avais aucune idée de comment faire un diorama. »
En octobre 2022, Jarrett a réalisé un diorama complet d’une scène de la Seconde Guerre mondiale autour d’un char Panzerkampfwagen VII « King Tiger ». Le Tiger, numéro de série 555, a combattu avec le 502e Bataillon de chars lourds de Panzer sur le front oriental. Le diorama se déroule autour de sa position finale à Halbe, près de la frontière polonaise. Jarrett s’est inspiré d’une scène de la série Frères d’armes (Band of Brothers) sur laquelle il a basé son diorama.
« C’était un véritable exutoire et une bonne thérapie pour moi. J’ai adoré ça. C’est le premier diorama grandeur nature que j’ai réalisé, et j’étais vraiment heureux des résultats. »
En octobre, Jarrett s’est joint à d’autres artistes de Steel Spirit pour présenter son travail dans le cadre de l’une des présentations en ligne de la galerie.
« Le talent créatif de Jarrett va bien au-delà de ce qu’il pensait pouvoir faire », a affirmé Barbara Brown. « Je ne savais pas qu’il n’avait jamais essayé un diorama auparavant. Non seulement les détails de sa scène ont mis en évidence son incroyable talent, mais il a également touché une corde beaucoup plus inspirante : le lien positif fort qu’il continue d’établir avec son fils. »
The Steel Spirit est une plateforme sur laquelle sont exposées les œuvres d’art de militaires, de premiers répondants et de médecins. La plateforme est toujours à la recherche d’artistes nouveaux et émergents, avec ou sans expérience, quel que soit leur provenance ou leur âge. Si vous voulez obtenir plus d’information ou donner un coup de main, n’hésitez pas à visiter le site www.thesteelspirit.ca.
Soumis par : The Steel Spirit