À partir des années 1950, les membres de la communauté LGBT des Forces armées canadiennes (FAC) de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de la fonction publique fédérale ont été ciblés pour être systématiquement retirés de ces organisations. En recourant à la traque, à l’espionnage, au harcèlement et à des méthodes d’interrogation brutales, on estime que 9000 vies ont été touchées négativement par cette pratique, qui s’est poursuivie pendant plus de quarante ans. Aujourd’hui, elle est connue sous le nom de « purge LGBT ».
La BFC Borden a récemment reconnu cette période sombre de l’histoire. Le 7 mars, conjointement avec le Réseau de la fierté de Borden, les membres de l’Équipe de la Défense ont été invités à participer à la projection du documentaire de TVO intitulé « The Fruit Machine », au cinéma Terra, après un message d’ouverture enregistré de la ministre de la Défense nationale, l’honorable ministre Anita Anand, ainsi que des commentaires du commandant de la BFC Borden et du Groupe d’instruction de la génération du personnel militaire, le colonel (Col) Jonathan Michaud.
Le documentaire porte sur l’histoire de la purge LGBT et présente des entrevues intimes et révélatrices de survivants au sujet de leurs expériences traumatisantes, certains d’entre eux faisant partie d’un groupe de défenseurs qui ont assisté à la projection. À la suite du documentaire, ils ont parlé de leur expérience pendant et après la purge LGBT, et de ce que cela signifiait pour ceux qui revenaient à la BFC Borden pour la première fois depuis leur retrait forcé du service.
« Je n’étais pas revenue à Borden depuis plus de 40 ans – l’accueil que j’ai reçu est inestimable », a dit Diane Pitre, une survivante de la purge LGBT et directrice du conseil d’administration du Fonds Purge LGBT.
Mme Pitre avait 18 ans quand elle s’est enrôlée dans l’armée en 1977. Après avoir terminé son instruction de technicienne de cellules à la BFC Borden et été affectée à la BFC Chatham l’année suivante, elle a perdu son habilitation de sécurité parce qu’on la soupçonnait alors d’être homosexuelle, et elle a suivi une nouvelle instruction de technicienne en approvisionnement. La biographie de Mme Pitre qui se trouve sur le site Web du Fonds Purge LGBT explique qu’après une enquête de deux ans, elle a été purgée des Forces armées canadiennes sous prétexte qu’elle était une menace pour son pays en raison de son orientation sexuelle.
Aux côtés d’autres survivants et défenseurs, Mme Pitre faisait partie du petit groupe présent lors de la cérémonie d’inauguration des travaux le même jour au bâtiment administratif de la BFC Borden, où un monument en l’honneur des survivants de la purge LGBT sera installé prochainement.
« [Traduction] Ce monument rappellera notre histoire et notre engagement en faveur d’un avenir meilleur », a dit le Col Michaud.
Le commandant de la base a dit que le monument encouragera les gens à réfléchir à leur rôle au sein des FAC et à la façon dont ils peuvent contribuer au changement de culture dans l’organisation. Il s’agit du premier monument de ce genre érigé sur une base militaire canadienne.
« [Traduction] Il est extrêmement important que nous nous souvenions de ce qui s’est passé au Canada et que ce monument soit un rappel quotidien de la rapidité avec laquelle les choses peuvent devenir négatives pour tant de personnes », a déclaré Todd Ross, l’un des représentants des demandeurs dans le cadre du recours collectif sur la purge LGBT et directeur du conseil d’administration du Fonds Purge LGBT. « [Traduction] Merci d’avoir permis aux militaires d’aujourd’hui de voir les fruits du changement qui est en train de se produire. »
À l’été 2025, un monument national sera aussi situé à Ottawa, lequel est financé par le règlement de recours collectif qui a été conclu en 2018. L’entente historique comprenait entre 15 et 25 millions de dollars pour la commémoration, notamment pour l’inauguration de ce monument et du monument à Borden, ainsi que 110 millions de dollars pour le paiement de dommages-intérêts aux victimes de la purge LGBT, selon le site Web du Fonds Purge LGBT.
« [Traduction] J’ai été profondément touché par l’accueil chaleureux et hors pair que le colonel Michaud, le premier maître Wilcox et leurs équipes de la BFC Borden, ainsi que le Réseau Fierté Borden, ont réservé aux directeurs du Fonds Purge LGBT », a dit Douglas Elliott, avocat spécialiste des droits de la personne des LGBT et avocat principal du recours collectif de Ross, Roy et Satalic c. Canada.
« [Traduction] Ce fut un parcours difficile pour mes collègues vétérans, ainsi que pour moi et mon époux », a déclaré M. Elliot. « [Traduction » Il était réconfortant de constater les efforts sincères de commémoration et de réconciliation déployés à la base, non pas en raison d’une ordonnance du tribunal, mais simplement parce que c’est la bonne chose à faire. »
« [Traduction] Nous ne pouvons pas et ne devons pas ignorer ce qui s’est passé », a dit le Col Michaud lors de la cérémonie d’inauguration des travaux. « [Traduction] À tous les survivants de la purge LGBT qui sont ici aujourd’hui, et à tous ceux qui ne le sont pas, merci. Merci d’avoir témoigné de votre histoire et de tout ce que vous avez fait pour promouvoir et créer un meilleur endroit pour tous nos militaires. »
Pour en apprendre davantage sur la purge LGBT, regardez le documentaire de TVO intitulé The Fruit Machine sur YouTube ou consultez le site Web du Fonds Purge LGBT.
Par : Emily Nakeff, rédactrice en chef