par le Capt Rey Garcia-Salas
À l’époque tumultueuse de la Seconde Guerre mondiale, les histoires de courage et de sacrifice abondent. Chaque récit témoigne de la résilience de l’esprit humain. Parmi ces récits de bravoure figure celui de Gilbert de la Rocha, un homme dont le parcours, des rues ensoleillées de Los Angeles au ciel de l’Europe, reflète la volonté indomptable de ceux qui cherchent à faire une différence.
L’odyssée de Gilbert commence dans les environs de Culiacan, au Mexique, où il prend sa première respiration le 1er décembre 1922. Dès l’âge de huit mois, il entame un nouveau chapitre de sa vie et accompagne sa famille dans sa recherche de nouvelles possibilités dans la ville animée de Los Angeles.
Alors que le petit Gilbert grandit, ses ambitions croissent avec lui. Cependant, comme l’a voulu le destin, ses aspirations se heurtent aux événements de l’histoire lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Désireux de servir son pays, Gilbert se porte volontaire au sein de la U.S. Coast Guard, de la Navy et de l’Army Air Force, animé par un profond sentiment de devoir et de patriotisme.
Cependant, des obstacles bureaucratiques se dressent sur son chemin. Malgré son fervent désir de servir, son statut de citoyen l’empêche de s’enrôler immédiatement. Cet échec ne décourage pas Gilbert. Celui-ci refuse de laisser ses rêves s’évanouir et entreprend un voyage audacieux vers le Canada, résolu à trouver un moyen de contribuer à l’effort de guerre.
Armé une détermination inébranlable, Gilbert monte à bord d’un train en direction de la frontière canadienne, dans l’objectif de s’enrôler dans l’Aviation royale canadienne (ARC). Toutefois, son chemin est semé d’embûches, car les douaniers américains l’interceptent, le soupçonnant de vouloir se soustraire à la conscription.
Par un coup du sort, un douanier canadien intervient et offre à Gilbert une bouée de sauvetage sous la forme d’un laissez-passer de trois jours pour tenter de s’enrôler. Gilbert n’hésite pas et saisit cette occasion. Il poursuit son chemin, sans se laisser décourager par les défis qui l’attendent.
Le 4 décembre 1942, Gilbert de la Rocha rejoint les rangs de l’Aviation royale canadienne, ce qui marque le début d’un nouveau chapitre de son remarquable parcours. Après son enrôlement à Vancouver, Gilbert suit un entraînement rigoureux à la 4e École de radio-navigants à Guelph, en Ontario, où il perfectionne ses compétences à titre de radiotélégraphiste mitrailleur.
En tant que radiotélégraphiste, Gilbert joue un rôle essentiel au sein du personnel navigant. Il est responsable de la transmission de tous les messages entre l’avion et la base, assurant ainsi une communication sans faille pendant les missions. Gilbert mène ses activités en silence radio. Il reste vigilant, prêt à répondre aux urgences mineures dans l’avion et à servir de mitrailleur de réserve en cas de besoin.
Au cours de son instruction, Gilbert gravit les échelons selon le protocole établi par l’Aviation royale canadienne. Au départ, portant le numéro matricule R204856, il occupe le grade d’aviateur-chef (avc) avant d’être promu au grade de sergent. Ensuite, portant le numéro matricule J38663, il devient capitaine d’aviation.
Au printemps 1943, l’entraînement de Gilbert culmine par son affectation en déploiement en Europe au sein du 420e Escadron (Snowy Owls). Cet escadron, orné d’un insigne de harfang des neiges, est mis sur pied à Waddington, dans le Lincolnshire, en Angleterre, le 19 décembre 1941. Il s’agit du 18e Escadron de bombardiers de l’ARC formé à l’étranger. Les membres de l’Escadron pilotent des Hampden, des Wellington et des Halifax dans le cadre d’opérations de bombardement stratégique et tactique. L’escadron de Gilbert effectue 33 sorties au-dessus de l’Europe, contribuant ainsi de manière significative aux efforts des Alliés.
À la cessation des hostilités, Gilbert retourne à la vie civile et est libéré avec honneur de l’Aviation royale canadienne le 14 septembre 1945. Son voyage du Mexique vers le Canada et au-delà est un témoignage de la résilience de l’esprit humain face à l’adversité, un héritage qui perdurera pour les générations à venir.
De retour à la vie civile, le dévouement de Gilbert envers le service ne faiblit pas. Après avoir obtenu un baccalauréat ès arts du Sacramento State College, il se lance dans une nouvelle mission : l’éducation et la défense des droits.
Pendant plus de cinq décennies, Gilbert se consacre à l’autonomisation de sa communauté, travaillant sans relâche avec la population latine de Redwood City pour promouvoir l’éducation et les droits de ses membres. Son impact est profond et dépasse les frontières raciales et culturelles pour toucher la vie de tous ceux qui l’ont connu.
Remerciements : Depuis septembre dernier, j’ai la chance de recevoir de la documentation et des photos de Kathleen de la Rocha, épouse de Pierre de la Rocha, fils de Gilbert de la Rocha. Ces contributions inestimables mettent en lumière l’histoire remarquable de Gilbert et nous permettent d’honorer sa mémoire et de célébrer son héritage avec une plus grande profondeur et une plus grande appréciation. Je tiens également à remercier l’historien Steven Dieter pour son aide dans la rédaction de cet article.