Le 5 mai, Jolene Wood, résidente de Borden, a honoré la mémoire de sa cousine, disparue en août 2016.
Christine Wood avait 21 ans. Un soir, en visite dans sa famille à Winnipeg, elle est sortie sans jamais revenir. Les recherches ont duré 10 mois. Ses proches, espérant toujours la retrouver, ont vécu un véritable cauchemar. Même aujourd’hui, six ans après la découverte du corps de Christine, la douleur demeure vive.
Elle compte parmi des milliers de femmes, de filles et de personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées au Canada. Chez nous, les femmes autochtones représentent moins de 5 % de la population, mais malgré tout 24 % des femmes victimes d’homicide. Leur mémoire est célébrée le 5 mai, à l’occasion de la Journée de la robe rouge.
« Ce fut une journée extrêmement difficile », raconte Jolene Wood, en larmes, son mari et de son fils à ses côtés. Tout au long de la cérémonie, elle a tenu une photo de Christine sur son cœur. « Elle n’aura jamais pu devenir maman. Elle n’aura jamais pu faire des études. Elle manque à tellement de gens. Pour ma tante et mon oncle, la souffrance est quotidienne. »
Levée du drapeau à Borden
Deux robes rouges ont été suspendues à des arbres de chaque côté du mât à l’entrée nord de la BFC Borden à l’occasion de la cérémonie à la mémoire des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFPBADA).
On a d’abord procédé à une cérémonie de purification par la fumée et à la levée du drapeau FFPBADA, puis le Ranger Dave Walker et le Col Jonathan Michaud, commandant de la BFC Borden et du Groupe d’instruction de la génération du personnel militaire (GIGPM) ont pris la parole.
« Oui, nos pensées et nos prières accompagnent les victimes aujourd’hui, mais ce sont nos actions concrètes qui comptent plus que tout », fait valoir la Cpl Noemie Chartrand. « Notre souhait, c’est que la population canadienne s’ouvre en toute humilité à entendre des histoires de notre pays qui ne sont pas nécessairement élogieuses. »
Les personnes présentes ont aussi reçu une épingle aux couleurs de la campagne Moose Hide à porter à la boutonnière du 8 au 12 mai. La campagne Moose Hide est issue d’un mouvement populaire en Colombie-Britannique d’hommes qui s’engagent à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des enfants.
Pourquoi les robes rouges?
Durant la semaine qui a suivi la cérémonie, on a pu apercevoir des robes rouges suspendues dans des arbres partout à la base militaire, chacune représentant une personne disparue ou assassinée.
L’idée est née de l’exposition REDress Project, organisée en 2010 par l’artiste métis Jaime Black. Le rouge est une couleur qui symbolise à la fois la violence et la vitalité. Selon certaines croyances autochtones, c’est aussi la seule couleur qui est visible par les esprits.
« Aujourd’hui et dans les prochains jours, nous verrons toutes ces robes rouges exposées à la BFC Borden et l’épingle Moose Hide sur l’uniforme de nos militaires, mais j’encourage tout le monde à poursuivre la démarche de sensibilisation par la suite », insiste le Col Michaud. « Pour lutter contre les inégalités et le racisme systémiques, nous devons continuer de nous mobiliser et de tendre vers une communauté qui soit la meilleure possible. »
« Jamais je n’aurais cru voir de tels d’événements en l’honneur des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones », souligne Jolene Wood. « Ce sont des progrès comme celui-là qui nous aident à parvenir à la réconciliation. »
Par : Emily Nakeff, rédactrice en chef