Il y a plusieurs années, alors que j’accueillais les fidèles qui arrivaient à l’église, un des plus âgés s’est approché. À cet octogénaire à la santé déclinante, j’ai demandé : « Comment allez-vous aujourd’hui? ». Il a eu un petit rire et, du ton assez malicieux qui était le sien, il m’a répliqué, à moitié sérieusement (mais avec beaucoup de profondeur) : « Et là, on doit se mentir, c’est ça? »
Culturellement, il est convenu de répondre « Bien », ou au moins « Pas mal », quand cette question nous est posée, même si ce n’est pas la réalité.
Je suis sûr que, pour la plupart d’entre nous, c’est automatique. Pour d’autres, c’est un moyen de mettre ses limites et de garder pour soi ses difficultés personnelles. La plupart d’entre nous préfèrent choisir avec le plus grand soin les gens auxquels nous dévoilons nos faiblesses et les moments où nous pouvons dire : « Ça ne va pas en ce moment ». C’est normal et c’est bien : nous n’ouvrons pas autant les portes de notre jardin secret à tout le monde. Il n’est pas facile de se mettre à nu et ce n’est pas quelque chose que nous faisons avec n’importe qui.
Cependant, nous avons aussi un réel besoin d’être totalement ouverts avec certaines personnes. Cela peut-être notre partenaire, un membre de notre famille, une amie, un collègue, une thérapeute, un aumônier ou une sentinelle d’unité. Y a-t-il quelqu’un dans votre vie qui veut savoir comment vous allez vraiment et à qui vous vous sentez à l’aise de parler en toute honnêteté? À qui pouvez-vous parler quand ça ne va pas? Et, pour commencer, vous êtes-vous demandé comment vous alliez vraiment? Et avez-vous répondu sincèrement? Il est important avant tout de bien s’évaluer et de bien être conscient de son état.
Enfin, voyez-vous quelque chose qui vous interpelle chez quelqu’un? Pouvez-vous lui demander : « Comment vas-tu vraiment? » Il faut du courage pour être la personne à laquelle les autres peuvent se confier, mais c’est ainsi qu’on s’entraide. Cela prend du temps d’établir la confiance nécessaire pour aller en profondeur, mais cela vaut la peine.
Par : Capitaine Graham Ware, Aumônier, admin GISFC, BFC Borden