Sergent‑major régimentaire à la retraite du Toronto Scottish Regiment analysant l’évolution des FAC dans la lutte contre la discrimination, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale
La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (JIEDR) a été célébrée le 21 mars 2024 et, au Mess des officiers Waterloo de la BFC Borden, le Groupe consultatif des minorités visibles de la Défense (GCMVD) a invité les membres à tirer des leçons de l’expérience vécue et de l’humour fin de Kevin Junor, adjudant‑chef à la retraite, MMM, CD; le premier sergent‑major régimentaire noir (SMR) du Toronto Scottish Regiment.
Avant de commencer le séminaire, M. Junor et toutes les personnes présentes ont participé à une cérémonie de purification par la fumée pour reconnaître qu’ils se trouvaient sur des terres volées à la Première Nation Mississauga de Credit, sur lesquelles de nombreux Ontariens et Ontariennes vivent et travaillent, et pour donner le ton à l’événement grâce au pouvoir purificateur de la sauge.
Le gouvernement du Canada a consulté M. Junor par l’entremise du Comité consultatif sur la présentation d’excuses nationales pour élaborer des excuses dignes des descendants des hommes qui ont combattu avec le 2e Bataillon de construction, la première et la seule formation de la taille d’un bataillon de l’histoire militaire canadienne composée entièrement de Noirs et créée le 5 juillet 1916.
« [La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale] est importante à l’échelle mondiale, mais elle l’est aussi pour ceux d’entre nous qui portent l’uniforme, a déclaré M. Junor. »
Les principaux points à retenir de la conversation étaient de comprendre les intentions des dirigeants, les obstacles auxquels nous sommes confrontés et la destination que nous nous efforçons d’atteindre en créant un lieu de travail inclusif, équitable et diversifié. M. Junor a comparé ce défi de navigation à l’apprentissage de la lecture d’une carte et de l’utilisation d’une boussole pendant sa première semaine d’instruction.
« Une fois tous les éléments mis en place, j’ai compris, en tant que soldat d’infanterie, où se trouvaient le point d’origine et la destination, a‑t‑il ajouté. Selon le terrain, je devais acquérir beaucoup d’expérience pour atteindre ma destination et utiliser ma carte efficacement. »
Se servant de l’énoncé d’intention du commandant comme d’une « destination » dans la lutte contre la discrimination raciale, M. Junor a fait revivre la Première Guerre mondiale, c’est‑à‑dire le moment où le 2e Bataillon de construction est né, pour définir le « point d’origine » des FAC.
« En 1916, le recrutement était difficile, mais comme les “vrais” soldats commençaient à mourir, [le gouvernement canadien] devait déterminer sa position première. Il a donc défini celle‑ci en 1916, lorsqu’il a déclaré qu’il acceptait les minorités avec prudence, a indiqué M. Junor. »
Pendant la Première Guerre mondiale, c’était la mode pour les Canadiens de servir leur pays; par conséquent, 670 000 membres ont combattu.
« Dans cette foulée, environ 200 hommes sino‑canadiens, 222 Canadiens d’origine japonaise et 4000 hommes autochtones se sont portés volontaires et ont servi.
Lorsque les Noirs ont indiqué qu’ils voulaient aussi participer au combat, ils se sont fait dire : non, rentrez chez vous… Ces hommes ont continué à lutter pour leur droit de combattre. On leur a indiqué que la décision d’accepter ou de refuser un candidat revenait au commandant. C’est là que le racisme systémique prend le dessus. »
Même si le 2e Bataillon de construction était composé uniquement de Noirs, ses officiers étaient tous blancs. Seul l’aumônier de l’unité faisait exception à cette règle, car lui aussi était noir.
Junor a partagé un énoncé de recrutement de la Marine royale canadienne de la Deuxième Guerre mondiale, extrait d’un rapport rédigé en juillet 1954, qui indiquait que tous les candidats devaient être de race blanche et des sujets britanniques ayant habité au Canada pendant au moins deux ans avant de présenter leur demande.
Pour établir la différence entre le passé et le présent, M. Junor a fait connaître l’intention du commandant afin d’illustrer tout le chemin parcouru par les FAC en vue de lutter contre le racisme dans leurs rangs. Parlant de sa propre expérience en tant que SMR du Toronto Scottish Regiment, M. Junor a mentionné comment il avait fait face à l’adversité jusqu’à ce qu’il obtienne le poste de sergent et même par la suite.
Les insultes, la négligence et le manque de respect n’ont été que quelques-uns des défis relevés par M. Junor à divers moments de sa carrière; ils provenaient du bureau de recrutement, de ses supérieurs et même de ses propres subordonnés. M. Junor s’est souvent trouvé au centre de nombreux dilemmes éthiques du genre.
« Il nous incombe de prendre soin de nos frères d’armes, ajoute M. Junor. Il nous incombe d’emprunter la voie qui nous mènera à l’intention du commandant. Il nous incombe également de lire la carte; de voir les obstacles et d’effectuer les manœuvres qui s’imposent. Il faut parfois faire preuve de persévérance, malgré les écueils, pour réaliser l’intention du commandant… Le changement est à notre portée. Il est dans nos têtes. »
À la fin du séminaire, une période de questions a permis aux participants de poser des questions et a servi de point de départ à une conversation sur la lutte continue contre la discrimination raciale.
Des membres ont fait part de leur propre expérience en tant que minorité visible dans les FAC, des défis liés à l’approvisionnement ainsi que de la responsabilisation d’autrui par l’entremise des dirigeants.
« En déploiement, personne ne voit notre plaquette d’identité, ajoute M. Junor. On voit le drapeau sur notre épaule, et l’on dit : c’est un Canadien! »
Par : Caleb Hooper