« Il considérait que c’était un honneur de servir son pays », raconte Ruby Jamieson au sujet de son mari, George Edward « Ted » Jamieson, un marin et ancien combattant distingué de la Marine lors de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée.
« Il a commencé au bas de l’échelle et a pris sa retraite en tant que premier maître de 1re classe – un jeune homme autochtone de la réserve des Six Nations. »
Jamieson naît à Toronto en 1922 et est membre de la bande Upper Cayuga des Six Nations. Il se joint aux Cadets de la Marine au début de son adolescence et plus tard, même s’il est mineur, il persuade son recruteur de lui permettre de s’enrôler dans la Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada (RVMRC) en tant que clairon. Les clairons étaient chargés de relayer les appels aux écoutilles, par exemple « mess » pour les repas, « réveille » pour les réveils et « extinction des feux ».
Lorsque le Canada a déclaré la guerre à l’Allemagne en 1939, Jamieson, alors âgé de 18 ans, est mis en service actif et est transféré au service d’artillerie en tant que matelot de 2e classe pour aider à l’entretien et assurer la sécurité du navire.
Il commence son instruction à Halifax avant de se joindre au navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Drummondville, un dragueur de mines de la classe Bangor. Jamieson se retrouve rapidement confronté aux conditions difficiles de l’Atlantique Nord alors qu’il escorte des convois vers la Grande-Bretagne. Après plusieurs missions de protection de navires marchands, il retourne à terre au NCSM Cornwallis et se porte volontaire pour servir dans le Pacifique.
À 30 ans, Jamieson reçoit la Décoration des Forces canadiennes (CD) en reconnaissance de ses 12 années de service. À cette époque, il est premier maître de 2e classe et, malgré toutes ses années de service, il prolonge son engagement dans la MRC de cinq ans, reprenant du service lorsque la guerre de Corée éclate en 1950.
À Bord de l’un des trois navires de guerre de la MRC envoyés pour soutenir la mission des Nations Unies visant à rétablir la paix et à contrer l’invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord, Jamieson sert en tant que chef instructeur de torpillage anti-sous-marin. Cependant, en Corée, les tâches propres à la Marine sont inhabituelles.
La petite marine de la Corée du Nord ayant été détruite au début de la guerre, les équipages de la MRC ne sont pas menacés par des destroyers ou des sous-marins ennemis. Ainsi, en l’absence de navires de guerre ennemis, les plus grands dangers pour les marins sont les mines et les batteries côtières ennemies.
C’est exactement la menace à laquelle Jamieson doit faire face lorsque le NCSM Iroquois se fait attaquer le 2 octobre 1952, alors qu’il est posté dans la mer du Japon sur la côte est. Le destroyer tirait sur une ligne de chemin de fer lorsqu’il a été attaqué depuis la côte. Trois hommes sont morts, deux ont été grièvement blessés et huit ont subi des blessures légères. Jamieson est sorti indemne de l’attaque et a repris le combat dès le lendemain.
Il demeure à bord du NCSM Iroquois jusqu’en janvier 1953, six mois avant la fin de la guerre, mais son retour à Halifax ne marque pas la fin de sa carrière dans la Marine.
Il remplit plusieurs fonctions au sein de la Marine au lendemain de la guerre. Il occupe des postes de premier maître de manœuvre, de responsable de la navigation, de l’entretien du pont, des opérations des petites embarcations et de la supervision du personnel. Jamieson est également un spécialiste de la guerre anti-sous-marine, et il sert comme premier maître de 1re classe d’instruction principal à Halifax, où il supervise les instructeurs et prépare le matériel d’instruction et les examens.
En reconnaissance de ses services, il reçoit la Médaille du couronnement de la reine et, en 1955, il est promu premier maître de 1re classe, le grade le plus élevé chez les militaires du rang dans la Marine.
En 1960, Jamieson prend sa retraite de la MRC et accepte un poste de sergent d’état-major dans un établissement correctionnel. Bien qu’il ait réorienté sa carrière, Jamieson est toujours inscrit sur la liste d’urgence de la Réserve pendant les cinq années qui suivent son départ de la MRC. Par la suite, pendant plus de dix ans, il travaille comme conseiller dans sa communauté d’origine, au Drug and Alcohol Centre de la réserve des Six Nations.
Il est décédé le 6 juillet 1987, à l’âge de 65 ans.
Les années qu’a passées Jamieson au sein de la MRC s’inscrivent dans une fière tradition de service militaire des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada. Depuis la guerre de 1812 jusqu’aux opérations actuelles, les membres autochtones des Forces armées canadiennes ont grandement contribué à la sûreté et à la sécurité du Canada, tant au pays qu’à l’étranger.
Jamieson a fait figure de pionnier – sa contribution a non seulement permis de promouvoir la paix et la sécurité internationales, mais elle a également ouvert la voie aux marins autochtones qui servent actuellement dans la MRC.
Source : La Feuille d’érable