Home Armée canadienne Amour et sacrifice : Profil de Fern Taillefer

Amour et sacrifice : Profil de Fern Taillefer

Taillefer reçoit la médaille du Service spécial de 1982 pour le meilleur soldat d’appui tactique (Gracieuseté de Fern Taillefer)

Fern Taillefer a occupé de nombreuses fonctions au sein des FAC et il continue d’être au service de l’organisation malgré la fin de sa carrière militaire

À la veille du jour du Souvenir, nos cœurs s’emplissent d’un sentiment solennel. Les tons feutrés, le vent frais de novembre et la pensée collective d’une nation qui honore ses héros nous submergent. C’est dans cet esprit que j’ai eu le privilège de discuter avec Fern Taillefer, un homme dont la vie et le service incarnent l’essence de cette journée importante.

Fern Taillefer, ancien combattant et policier à la retraite, m’a fait part de son incroyable parcours. Notre conversation a porté sur son service, les sacrifices qu’il a consentis et l’importance du jour du Souvenir.

La vie de Taillefer témoigne de son dévouement et de son altruisme. Il a passé 20 ans dans les Forces armées canadiennes (FAC), où il a atteint le grade prestigieux d’adjudant-chef. Son parcours a commencé alors qu’il était un jeune garçon animé d’un profond désir de servir son pays. Plus tard, il s’est lancé dans une carrière militaire au cours de laquelle il a été affecté dans différentes parties du monde, notamment au Moyen-Orient.

« [L’enrôlement dans les FAC] était dans mon sang », a déclaré M. Taillefer. « J’avais besoin d’être un soldat et j’adorais ça. [J’ai aimé] tous les métiers, surtout dans l’armée, et j’ai pu en pratiquer plusieurs partout dans le monde, en Europe et au Canada, bien sûr. »

Taillefer en patrouille avec la Force d’urgence des Nations Unies II (FUNU II) en Égypte en 1977(Gracieuseté de Fern Taillefer)

Au cours de notre discussion, M. Taillefer a raconté son expérience au Moyen-Orient, où il a joué un rôle essentiel dans les opérations de sécurité et le transport de fournitures essentielles. Il a brossé un tableau saisissant de lui-même à 19 ans, patrouillant dans les régions de l’Égypte, d’Israël et du plateau du Golan, tout en étant témoin des réalités du conflit. Sa voix tremblait d’émotion alors qu’il partageait un moment émouvant de son premier service militaire, celui du retour d’un soldat mort au combat, qui lui a fait prendre conscience de la sombre réalité de son devoir.

« Lorsque je suis arrivé au Caire, nous avons atterri et on nous a dit de rester dans nos sièges », a raconté M. Taillefer. « Je regarde par le hublot et dans la partie inférieure de l’aéronef et je vois le cercueil d’un soldat qu’on place sur un convoyeur pour l’envoyer à la maison. Ce soldat canadien a été tué au cours de la mission à laquelle je participais. Mon état d’esprit a vraiment changé à ce moment-là. C’était vraiment grave, très dangereux. »

Taillefer en tant que jeune cadet de l’Armée, vers 1975, sortant d’un hangar de la Base des Forces canadiennes (BFC) North Bay à titre de sergent-major régimentaire (SMR) du corps de cadets de l’Armée 204 Algonquin, pendant l’inspection annuelle (Gracieuseté de Fern Taillefer)

La carrière militaire de M. Taillefer a continué d’évoluer et il s’est tourné vers le domaine de la protection personnelle. Il est devenu garde du corps pour des personnes très importantes, y compris des représentants du gouvernement, la Reine et la Reine-Mère; c’est un rôle qui comportait une responsabilité et des risques immenses. Son entraînement et ses expériences vécues témoignent de son engagement inébranlable à préserver la vie des personnes qu’il a protégées.

« L’entraînement prend automatiquement le relais. Nous nous portons volontaires pour faire un travail et pour le faire de notre mieux », a-t-il déclaré. « Le manque de sommeil était considérable. Vous vous levez bien avant la famille pour vérifier que tout est bien sécurisé. La principale tâche qui m’incombait était de détecter les voitures piégées. Nous devions fouiller les voitures chaque jour et chaque fois que nous en laissions une sans surveillance, il fallait la fouiller à nouveau. La dernière tâche consistait à faire le tour du pâté de maisons avec la voiture. Si elle n’a pas explosé, vous poursuivez… Je l’ai fait pendant des années. »

Taillefer, jeune soldat âgé de 16 ans avec l’Algonquin Regiment, à Timmins, lors d’une exposition au manège militaire (Gracieuseté de Fern Taillefer)

La discussion a ensuite porté sur la transition entre la vie militaire et la vie civile, qui constitue une perspective décourageante pour de nombreux anciens combattants. M. Taillefer a parlé des défis auxquels il a été confronté, en soulignant l’importance de se renseigner sur le marché du travail et les systèmes de soutien disponibles.

« Quand je suis revenu à la maison, j’étais une autre personne. Je peux vous dire sans hésiter que cela change toute votre vie. C’était un état d’hypervigilance constant. Ça ne fait qu’environ trois ans et demi que j’ai cessé de chercher des bombes sous ma voiture personnelle au Canada. »

Taillefer au champ de tir en Angleterre, s’entraînant pour la protection rapprochée (Gracieuseté de Fern Taillefer)

Il affirme que son parcours militaire a joué un rôle crucial dans sa carrière policière subséquente et souligne la capacité pour les soldats d’utiliser leurs compétences dans la vie civile. M. Taillefer remercie ses amis, sa famille et son épouse, Sandy, de l’avoir soutenu tout au long de sa carrière et surtout après, en comprenant les répercussions potentielles sur la santé mentale.

Dans son rôle de policier au sein de la Toronto Transit Commission (TTC) après son service militaire, M. Taillefer a supervisé le programme antiterroriste du système de transport en commun qui comprenait le métro, les autobus et les garages.

Le maître de cérémonie Taillefer pendant le défilé du 11 novembre 2020 (Gracieuseté de Fern Taillefer)

Cependant, l’histoire de M. Taillefer ne se limite pas au sacrifice personnel et au dévouement; c’est aussi l’histoire d’une volonté de redonner au suivant. Il occupe actuellement les postes de président de la Campagne des coquelicots et de responsable de l’aide aux anciens combattants pour la ville de Barrie, où il offre du soutien et des conseils aux vétérans dans le besoin. Son dévouement à l’égard de ses camarades ex-militaires est inébranlable.

À l’approche du jour du Souvenir, M. Taillefer a fait part de son point de vue sur les raisons pour lesquelles ce jour revêt une telle importance. Il a souligné l’importance de reconnaître les sacrifices consentis par les anciens combattants et leurs familles, non seulement dans le passé, mais aussi dans les conflits contemporains. Il a insisté sur la nécessité de l’éducation et de la mémoire collective, en particulier pour les jeunes générations, afin que les sacrifices de ceux qui ont servi ne soient jamais oubliés.

Fer Taillefer (Gracieuseté de Fern Taillefer)

Le dévouement de M. Taillefer et les services qu’il a rendus à son pays, ainsi que son soutien continuel aux anciens combattants, illustrent le véritable esprit du jour du Souvenir. Ses paroles nous rappellent à quel point il est important d’honorer les personnes qui servent et ont servi, et à quel point il est de notre devoir à tous de veiller à ce que leurs sacrifices soient commémorés et respectés.

Dans un monde qui défile souvent à toute vitesse, il est essentiel de faire une pause, de réfléchir et de se souvenir. L’histoire de Fern Taillefer est un rappel poignant des sacrifices consentis par nos anciens combattants et nous invite à leur rendre hommage à l’occasion du jour du Souvenir et par la suite.

Par Caleb Hooper