Home National FR ARC Défendre l’espace aérien canadien malgré la peur des hauteurs

Défendre l’espace aérien canadien malgré la peur des hauteurs

Scott Maclagan tenant son livre « Cold War Over Canada » (Gracieuseté de Scott Maclagan)

Un vétéran raconte son expérience à titre de navigateur pendant la Guerre froide dans un nouveau livre

En août 1955, Scott Maclagan reçoit un appel l’invitant à prendre part à un cours de sélection des officiers à London, en Ontario. Il fait partie des 30 personnes qui réussissent le cours auquel participent 250 élèves-officiers, et entame ainsi sa carrière militaire.

Son cheminement vers le service militaire découle d’une fascination d’enfance pour l’aviation. En grandissant à Toronto, M. Maclagan découvre ce domaine grâce à des films d’actualités, à des événements survenus en temps de guerre et à des interactions avec des voisins qui avaient servi à titre de pilotes de Spitfire pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet intérêt le mène finalement à s’enrôler dans les Forces armées canadiennes (FAC).

« Je m’intéressais vivement à l’aviation pendant mon enfance. Mon père m’amenait à l’aérodrome Barker Field sur la rue Dufferin, où volaient des avions privés, raconte M. Maclagan. Par la suite, certains de ses amis ont travaillé à l’aérodrome Downsview. »

Au cours de sa carrière militaire, M. Maclagan est confronté à de nombreux défis, dont la perte de collègues et d’amis. Les risques inhérents au service militaire, des vols en haute altitude aux atterrissages d’urgence dangereux, font de chaque mission une expérience potentiellement mortelle. M. Maclagan décrit les traumatismes causés par le fait d’être témoin d’accidents ou la perte de ses collègues, en mettant l’accent sur les sacrifices consentis dans l’exercice de ses fonctions.

Lieutenant Macglagan en novembre 1956 (Gracieuseté de Scott Maclagan)

« [L’aspect le plus difficile de l’instruction] était de voir des amis mourir devant moi… J’ai vu plus de décès pendant l’instruction suivie à Winnipeg, explique M. Maclagan. À l’époque, j’avais peur des hauteurs. Nous devions affronter l’inconnu à chaque vol. Nous ne savions pas ce qui allait se passer. Nos pauvres épouses ne savaient pas si nous allions revenir à la maison ce soir-là, cette semaine-là, ce mois-là, ou si nous ne reviendrions jamais. »

M. Maclagan raconte que, le 18 mai 1956, à l’aube de la longue fin de semaine, quatre jets C-45 sont atterris à Winnipeg. Soudain, un cinquième aéronef est apparu à 300 verges devant lui, pendant qu’il se trouvait dans le siège du co-pilote.

« Les avions se sont écrasés devant nos yeux, et dix personnes ont été tuées », précise-t-il.

D’après lui, la mort était un aspect déplorable, mais courant du pilotage d’aéronefs. En effet, même les protocoles les plus courants et les aéronefs les mieux entretenus pouvaient entraîner des ennuis.

Toutefois, le risque que comporte le pilotage était glorifié, car les missions permettaient souvent de sauver des vies. M. Maclagan se souvient d’une situation où il a aidé un avion ravitailleur Boeing KC-97 américain qui avait perdu l’électricité et la radio lors d’un orage au-dessus du Nord de l’Ontario.

« Au moyen de signaux manuels, nous avons découvert quel était le problème et avons ensuite guidé l’aéronef afin qu’il effectue un atterrissage d’urgence au Michigan », explique M. Maclagan.

Maclagan au défilé des escadres, le 26 octobre 1956 (Gracieuseté de Scott Maclagan)

Un matin, à North Bay, comme son équipe et lui constituent le premier équipage en alerte en service ce jour-là, on les informe qu’un aéronef civil est en détresse au-dessus de Val-d’Or, au Québec. Un homme et une femme se trouvent à bord, et l’expérience du pilote s’élève à seulement 35 heures de vol.

« Nous les avons guidés pour leur permettre d’atterrir sur une piste d’urgence, en fait, raconte M. Maclagan. C’était une piste au milieu de nulle part au Québec! À ce moment, nous avions utilisé 500 livres de carburant, et notre seule option était d’atterrir nous aussi ou d’évacuer l’avion. [Mon pilote] Dave [Strachan] a décidé d’atterrir, donc c’est ce que nous avons fait. »

Quand sa carrière militaire prend fin en 1962, M. Maclagan est confronté à la transition vers la vie civile. Il réussit à s’adapter à divers emplois, notamment au sein de services fiscaux et du secteur des assurances. Selon lui, l’instruction militaire lui a permis d’acquérir des bases solides et, ainsi, d’exceller dans le secteur privé.

L’expérience de M. Maclagan met en évidence l’importance de reconnaître la discipline et les compétences précieuses acquises pendant le service militaire. Cependant, M. Maclagan souligne également la difficulté de s’adapter aux politiques du secteur privé, un changement auquel font face de nombreux vétérans.

Maclagan juste avant son enrôlement dans l’Aviation royale du Canada (ARC), le 2 septembre 1955 (Gracieuseté de Scott Maclagan)

« Mon pilot [Dave Strachan] est devenu très aigri, d’après ce que ses enfants m’ont dit, indique M. Maclagan. Ceux-ci m’ont expliqué ce qu’il avait vécu après la fin de notre partenariat de pilotage et le manque de reconnaissance à l’égard de ce qu’il avait fait pour sauver trois autres aéronefs. Tout cela l’a vraiment rongé. »

M. Maclagan insiste sur le besoin d’améliorer la communication entre les FAC et les employeurs civils. Celle-ci pourrait aider les employeurs à reconnaître les compétences que les vétérans apportent au milieu de travail et améliorer le processus de transition. Il croit que le public canadien devrait être plus reconnaissant des sacrifices des militaires et conscient de leur dévouement.

« En tant que membres de l’escadron, nous avons vécu une expérience commune, car nous affrontions les mêmes défis, explique-t-il. Nous travaillions fort et, malheureusement, nous buvions beaucoup aussi. C’était une vie très tendue et difficile à laquelle nous devions nous adapter. »

Le jour du Souvenir revêt une immense importance pour M. Maclagan en raison des nombreux amis et collègues qu’il a perdus pendant sa période de service. Cette journée est un rappel nécessaire des sacrifices consentis par les militaires et permet d’honorer ceux qui ont perdu la vie ainsi que ceux qui continuent à servir leur pays.

M. Maclagan souhaite que la population s’efforce de reconnaître et de comprendre les sacrifices des militaires. Les vétérans ont servi leur pays avec dévouement et ont souvent fait face à des défis physiques et émotionnels. La reconnaissance de ces sacrifices est essentielle pour favoriser une meilleure compréhension des FAC.

Pour en apprendre davantage sur les expériences que M. Maclagan a vécues en défendant l’espace aérien canadien contre de possibles attaques soviétiques pendant la Guerre froide, procurez-vous son nouveau livre, Cold War Over Canada (en anglais seulement) en cliquant ici.

Par : Caleb Hooper