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Les volontaires guatémaltèques dans l’Aviation royale du Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale Par le capitaine Rey Garcia-Salas

Portrait de « Hempy » (le pilote Theodore Hempsted), peint à l’huile par sa vieille amie Germaine Glidden. Vers 1948 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

La communauté latino-américaine du Canada a contribué de façon exceptionnelle et active au sein des forces armées canadiennes, en exprimant sa solidarité envers ses concitoyens canadiens et en défendant des valeurs communes. Les immigrants guatémaltèques qui se sont installés au Canada et ont rapidement adopté ce pays avant de participer à la Seconde Guerre mondiale ont apporté des contributions remarquables à l’histoire militaire du pays, principalement grâce à leur participation dévouée au sein de l’Aviation royale canadienne (ARC).

Le pilote Theodore Hempsted avant qu’il s’enrôle dans l’Aviation royale canadienne (ARC). Vers 1941 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

Une figure remarquable de l’histoire est le sous-lieutenant d’aviation Robert Theodore Hempstead, connu sous le nom de « Hempy », dont la vie a été menée sous le signe de la bravoure, de l’aventure et du sacrifice. Né à Cobán, au Guatemala, le 25 mai 1912, Hempy est d’ascendance allemande et anglaise. Il a grandi dans les plantations de café de sa famille, dans la campagne guatémaltèque, mais il a fait ses études aux États-Unis, à l’université de Wesleyan, où il excellait dans les sports. Or, ses études ont été interrompues par le décès de son père, ce qui l’a obligé à s’occuper des plantations de café de la famille avec détermination et un engagement sans faille.

Motivés à contribuer à l’effort de guerre, Hempy et ses amis John Gordon Smith et Denis Scott Koester se sont portés volontaires au Consulat général du Royaume-Uni, à New York. Faisant face à de lentes formalités, ils décident de s’enrôler dans l’Aviation royale canadienne, les États-Unis n’étant pas encore entrés en guerre. Pendant cette période, Hempy change son nom pour Robert Theodore Hempstead, car il détestait le surnom de « Teddy » associé au populaire ours en peluche.

Le pilote Theodore Hempsted pendant sa formation de pilote à Englewood, au New Jersey, avant de partir outre-mer. Les États-Unis n’étaient pas encore en guerre et les soldats canadiens et britanniques n’avaient pas la permission de porter leur uniforme en public. Donc, l’uniforme a dû être porté uniquement lors d’une séance de photo pour l’envoyer à la maison et pour la postérité Ontario, Canada. Vers 1941 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

Durant son service militaire, Hempy a fait l’étalage de son dévouement et de sa bravoure. Il quitte le Guatemala avec ses amis en novembre 1940 et s’enrôle à Ottawa (Ontario). Après un entraînement au Camp Picton jusqu’à la mi-avril 1941, il suit une formation de pilote à Hamilton, en Ontario, et effectue son premier vol en solo le 2 mai 1941.

En septembre 1941, Hempy s’embarque pour l’Angleterre et rejoint le célèbre 92e escadron des Indes orientales, également connu sous le nom de 92e Escadron de la Royal Air Force [en anglais], basé dans le Lincolnshire. Initialement affectés à des tâches de maintenance en raison d’une pénurie de Spitfires, Hempy et les membres de son escadron ont volé à bord des Hawker Hurricanes du 80e Escadron en Égypte [en anglais]. Cependant, en août 1942, le 92e Escadron reçoit des Supermarine Spitfire juste à temps pour la bataille d’Alam el Halfa. Ils ont joué un rôle crucial en faisant échouer l’offensive ultime de Rommel et ont maintenu la supériorité aérienne dans la région d’El Alamein, jusqu’à la défaite des forces de l’Axe. Pendant son congé en septembre 1942, Hempy visite Tel-Aviv et Jérusalem, ce qui témoigne de son sens du devoir.

Hélas! Le sous-lieutenant d’aviation Robert Theodore Hempstead perd la vie [en anglais] lors d’une collision en vol le 19 octobre 1942, juste avant la seconde bataille d’El Alamein. Il repose au cimetière de guerre d’El Alamein, à Marina, en Égypte. Même si sa vie n’a été que de trop courte durée, Hempy laissera toujours le souvenir d’un jeune homme courageux et noble, celui d’un homme qui a tout donné pour la liberté et la justice.

L’officier d’escadrille Denis Koester après avoir terminé son cours de pilote. Vers 1941 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

Né le 13 août 1913 dans la ville de Guatémala, le lieutenant d’aviation Denis S. Koester, a également connu une vie riche et remplie d’aventures. Après avoir terminé ses études en Angleterre, il est retourné au Guatemala pour s’occuper de ses plantations de café. Cependant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale l’a amené à rejoindre l’Aviation royale du Canada en tant que navigateur.

En tant que membre du célèbre 109e Escadron [en anglais], connu sous le nom de Pathfinders, Denis a joué un rôle crucial dans le repérage des cibles ennemies pour les forces alliées. Sa bravoure et ses exploits lui ont valu l’Ordre du service distingué (DSO) et la Croix du service distingué (DFC). Malgré les épreuves de la guerre, Denis est resté dévoué envers le Guatemala, jouant un rôle important dans le département de l’Alta Verapaz, où se trouvaient ses plantations de café. Il a participé activement au développement local, notamment dans des domaines tels que les systèmes d’approvisionnement en eau, les hôpitaux et les écoles. Connu pour sa générosité et sa compassion, Denis a touché la vie de nombreuses personnes par ses soins aux personnes âgées et ses actes de gentillesse. En reconnaissance de son caractère et de ses réalisations, un buste de Denis a été érigé sur la place publique de la ville de Senahu.

Le pilote Denis Koester avec l’ambassadeur britannique à son retour au Guatemala après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vers décembre 1946 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

Le lieutenant d’aviation Koester est décédé le 20 mai 1986, laissant derrière lui un héritage de bravoure, de dévouement et de service. Sa contribution au Guatemala, tant pendant la guerre qu’après, continue d’inspirer les générations futures à lutter pour la paix et à défendre les valeurs qui lui étaient chères.

L’officier d’escadrille John Gordon Smith au Guatemala à l’ambassade du Royaume-Uni après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vers décembre 1946 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

Le capitaine d’aviation John Gordon Smith, DFC, est né le 20 avril 1917 à Hastings, en Angleterre, mais il est issu d’une famille guatémaltèque qui s’est installée en Angleterre pendant la Première Guerre mondiale. Après avoir terminé ses études en Angleterre et à Trinidad, il est retourné au Guatemala pour travailler dans les plantations de café. Or, lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, il s’est enrôlé dans la Royal Air Force, à l’instar de Denis Koester et de Robert Hempstead. Pour diverses raisons circonstancielles, ils se sont enrôlés dans l’Aviation royale du Canada et ont suivi leur entraînement au Canada.

John a servi en tant que sous-lieutenant d’aviation à titre de pilote du bombardier Sterling [en anglais] et a effectué 25 missions de combat dans le ciel de l’Allemagne. En septembre 1942, son bombardier est abattu au‑dessus des Pays-Bas, et il est fait prisonnier de guerre au Stalag Luft III jusqu’à la fin de la guerre. Après sa libération, John est retourné à la ferme familiale, au Guatemala, et a joué un rôle actif dans la gestion de l’entreprise. Il s’est consacré à la production de café et a œuvré dans le milieu agricole en siégeant à divers conseils et associations.

L’officier d’escadrille John Gordon Smith reçoit son brevet de pilote. Vers 1941 (avec la permission de Capt Rey Garcia-Salas)

L’héritage de John survit grâce à sa famille, notamment ses enfants et ses petits-enfants. Son dévouement envers sa famille et sa communauté témoigne de sa bravoure en temps de guerre. En 1992, à l’occasion du 50e anniversaire de l’écrasement de son avion, John s’est rendu à Staphorst, aux Pays-Bas, où les habitants lui ont rendu hommage, à lui et à son équipage, pour leur libération. La visite de John lui a permis de se remémorer les événements, de renouer avec le passé et de saluer le courage de ses camarades tombés au combat.

Le capitaine d’aviation Smith est décédé le 5 septembre 2003, laissant derrière lui un héritage de bravoure, de dévouement et de service. Son héroïsme sur le champ de bataille et sa générosité envers sa famille et le monde agricole resteront à jamais gravés dans la mémoire collective.

Le sous-lieutenant d’aviation Mario Alfred Fernandez de Leon est né au Guatemala le 12 décembre 1917, plus précisément dans la ville de Guatémala. Il était un membre courageux de l’Aviation royale du Canada (ARC) pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’enrôle dans l’ARC le 10 décembre 1941, à Vancouver (en Colombie‑Britannique), désireux de contribuer à l’effort de guerre. Après un entraînement rigoureux, il devient sous-lieutenant d’aviation le 23 mars 1944 et se joint au célèbre 429e Escadron, baptisé « les Bisons ». Malheureusement, le 25 mai 1944, son avion a été abattu au cours d’une mission [en anglais]; Fernandez de Leon et ses compagnons d’équipage ont tous perdu la vie.

À titre posthume, le sous-lieutenant d’aviation Fernandez de Leon a reçu plusieurs décorations en reconnaissance de ses services exceptionnels, de son dévouement et des risques qu’il a pris pour la liberté. Étoile de 1939-1945, Étoile d’Europe : Service naviguant, Médaille de la Défense, Médaille du service général, Médaille et agrafe du service volontaire canadien. Il repose au cimetière militaire canadien à Bergen-Op-Zoom, aux Pays‑Bas [en anglais], où son nom rappelle les sacrifices consentis au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Les contributions de ces volontaires guatémaltèques à l’Aviation royale canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale mettent en évidence la solidarité et l’engagement de la communauté latino-américaine du Canada à l’égard de la défense de valeurs communes. Robert Theodore Hempstead, Denis S. Koester, John Gordon Smith et Mario Alfred Fernandez de Leon sont des exemples de courage, de résilience et d’engagement inébranlable à l’égard du devoir.

Bien que leur vie ait connu une fin tragique, leur héritage inspire les générations futures à défendre les idéaux de liberté et de justice. Il est important d’honorer la mémoire de ces personnes remarquables qui ont joué un rôle crucial dans la défense de la liberté collective.

Par : Capitaine Rey Garcia-Salas

Le Comité des soldats latino-américains au Canada a pour mission de faire connaître les noms et l’histoire des Canadiens d’origine latino-américaine qui ont fait partie des forces armées canadiennes.