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Profil de vétéran : Vivre une vie épanouie en dépit d’un traumatisme lié à la guerre de Corée

Bruce Nichol en octobre 1950 (gracieuseté de Barry Nichol)

Bruce Nichol (1927-2014), vétéran passionné de hockey, a vécu une vie riche malgré les traumatismes de la guerre de Corée

Bruce Dallard Nichol est né le 14 décembre 1927. Il est le plus jeune des 13 enfants de Sam et Nellie Nichol.

Sam Nichol a travaillé dans les camps de bûcherons de la vallée supérieure de l’Outaouais et avec le Chemin de fer Canadien Pacifique.

La jeunesse de Bruce est tout droit sortie de l’histoire de Huck Finn. Les journées d’été se passaient sur la rivière des Outaouais à nager entre les estacades de bois. En hiver, l’Outaouais lui offre l’environnement idéal pour perfectionner ses talents de hockeyeur.

Les pommes de route congelées devenaient des rondelles de hockey et les bâtons cassés étaient maintenus en place avec de l’étain provenant de boîtes de jus de pomme. Un tir au but manqué pouvait se retrouver à Hull. Les heures passées à jouer au hockey sur les rivières ont porté leurs fruits. À 15 ans, on lui demande de jouer pour les Sénateurs séniors d’Ottawa, une équipe masculine de la Ligue de hockey du Québec

Bruce Nichol jouant dans un match amical contre les Redwings de Détroit au Camp Borden, 1952 (gracieuseté de Barry Nichol)

Après avoir obtenu son diplôme de l’Ottawa Technical High School, Bruce a été embauché par le Chemin de fer Canadien Pacifique comme apprenti machiniste. Lorsque la guerre de Corée éclate en 1950, Bruce s’enrôle dans l’Armée canadienne.

Bruce voulait goûter à l’aventure et à la gloire que ses frères avaient connue pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme la plupart des volontaires, il ne connaît rien de la Corée ni des raisons du conflit. Bruce se joint au 2e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, à Calgary pour le camp d’entraînement.

Après six semaines de formation complémentaire à Fort Lewis, dans l’État de Washington, lui et ses confrères sont envoyés à Pusan, en Corée, à l’automne 1950.

Le bataillon de Bruce se fraya un chemin jusqu’à Kapyong et se retrancha sur le flanc de la côte 677, surplombant la rivière Kapyong, l’armée chinoise se trouvant sur la rive opposée.

Son équipe de quatre mitrailleurs Bren a passé l’hiver dans un trou de renard. Le froid mordant et les uniformes mouillés sont les principaux jusqu’à la nuit du 24 avril 1951, lorsque l’armée chinoise attaqua la côte 677.

Bruce Nichol à Pusan, Corée du Sud, vers 1951 (gracieuseté de Barry Nichol)

Bruce et ses compagnons étaient sur la brèche et ont été les premières troupes à affronter l’ennemi. Après des heures de combats, leur position est touchée de plein fouet. Les trois camarades de Bruce sont tués. Bruce a été sauvé en étant renversé et recouvert par le corps d’un de ses amis, ce qui le hantera jusqu’à sa mort. Il a été grièvement blessé par des éclats d’obus et a été évacué vers un hôpital au Japon.

Sept cents Canadiens affrontent 5 000 soldats chinois lors de la bataille de Kapyong, qui devient l’une des plus célèbres victoires militaires du Canada.

Une fois rétabli, Bruce a été renvoyé au camp Borden, en Ontario, en 1953. Le commandant de Bruce savait qu’il était un joueur de hockey talentueux. Il a acheté à Bruce sa première paire de patins neuve pour l’inciter à se joindre à l’équipe de hockey de l’armée lors d’un match hors concours contre les Red Wings de Détroit et les futurs membres du Temple de la renommée Gordie Howe, Ted Lindsay et Terry Sawchuk. Il a toujours affirmé qu’il ne se souvenait pas du score final, mais qu’il avait donné une « bonne claque » à quelques-uns d’entre eux.

Bien que le commandant du camp l’ait supplié de rester pour jouer au hockey, Bruce retourne à Ottawa en 1953. Il n’y a ni gloire ni adulation. Les vétérans de la guerre de Corée sont à peine reconnus. Leur sacrifice était considéré comme une « action de police de l’ONU » et non comme une guerre.

Bruce Nichol après avoir terminé son camp d’entraînement à Calgary, 1950 (gracieuseté de Barry Nichol)

Des années plus tard, lorsqu’on l’interrogeait sur son séjour en Corée, il commençait à raconter des « histoires de guerre », mais ne pouvait jamais les terminer. Cela lui faisait trop mal.

Bruce a trouvé un emploi à la laiterie Clark Dairy et a épousé Jeanette Belleville le 17 juillet 1954. Le 12 septembre 1955, Susan Elizabeth naissait et quatre ans plus tard, le 6 avril 1959, Barry Bruce Nichol faisait son apparition.

Bruce et Jeannie ont accueilli des enfants de l’Aide à l’enfance. Certains d’entre eux avaient des besoins particuliers, mais il y avait toujours de la place pour un enfant de plus au foyer Nichol.

En 1961, Bruce est embauché à l’usine Texaco de Nepean. Il était infatigable et consciencieux – toujours prêt à aider un collègue, ne prenant jamais de congés de maladie et étant toujours à l’heure. L’année suivante, en 1962, Bruce et Jeannie achètent leur maison au 21, promenade Westwood, à Nepean.

Bruce était un homme aux multiples talents et champs d’intérêt. Il adorait la musique. Il aimait passer l’été dans sa caravane sur le lac Muskrat où il aimait pêcher, faire du bateau et jouer au golf. Il était entraîneur de softball pour les filles et de hockey pour les garçons.

Bruce Nichol après s’être entraîné avec les Américains à Fort Lewis, novembre 1950 (gracieuseté de Barry Nichol)

À l’âge mûr, Bruce a été piqué par la passion de la collection, pillant les vide-greniers, les ventes à la ferme et les ventes aux enchères. Il collectionnait tout, des petits flacons de médicaments aux voitures anciennes. Lorsqu’il était enfant à la Connaught Public School, Bruce était souvent chargé de peindre des affiches ou toute autre chose qui nécessitait son sens artistique. Il a appris tout seul à peindre à l’huile, à l’acrylique et à l’aquarelle.

Des années plus tard, Bruce a vendu un certain nombre de ses peintures, mais il prenait plus de plaisir à les offrir à sa famille et à ses amis et à voir la joie que son art leur procurait.

Bruce s’intéressait également au sport, notamment au hockey et en particulier aux Sénateurs d’Ottawa. Il ne manquait jamais un match et appelait toujours après le match pour faire notre compte-rendu.

En 2012, on a diagnostiqué chez Bruce la maladie d’Alzheimer et un syndrome de stress post-traumatique.

Nous avons toujours su que Bruce était un petit dur à cuire (il lui est arrivé d’arracher une dent qui lui causait de la douleur dans son atelier avec des pinces-étaux), mais cela est inimaginable de continuer à fonctionner pendant 60 ans et à souffrir en silence.

Au cours de l’été 2013, Bruce reçoit un diagnostic de cancer en phase terminale, lequel est attribué à son exposition à l’amiante lors de son temps dans les forces spéciales.

Bruce Nichol est décédé à l’âge de 86 ans le 27 mai 2014 au Centre de santé Perley et Rideau pour les anciens combattants. Bien que les blessures visibles de Bruce aient guéri et qu’il ait vécu une vie riche, la blessure dans son âme et le souvenir de la guerre ne l’ont jamais quitté.

Vous me manquez, coach.

Avec amour, Ron.

– Ron Allen était le gendre et l’ami de Bruce Nichol

Par : Ron Allen